Le stationnement sécurisé à grande échelle serait la clef pour déverrouiller massivement l'usage du vélo, avec un double impact attendu, sur le volume total de cyclistes d'une part, et sur l'intensité d'utilisation du vélo d'autre part. Le déploiement d’une solution de stationnement fiable et sécurisé permettrait, en moyenne, de doubler la part modale du vélo dans les villes.
Développer une offre de stationnement vélo : quels impacts sur la pratique ?
Alors que l’absence de stationnement peut entrainer un renoncement à la pratique du vélo de la part de certains cyclistes et que cette problématique commence tout juste à émerger côté collectivités, il serait intéressant, à l’inverse, de s’interroger sur les potentielles retombées en termes d’usage d’une offre de stationnement simple, fiable et sécurisée. Il est en effet possible de supposer que cela amènera certains individus à se (re)mettre en selle, et incitera des cyclistes à enfourcher plus souvent leur bicyclette. A l’heure actuelle, on ignore cependant la façon dont une offre de stationnement vélo sécurisé pourrait se traduire dans la pratique. C’est justement ce que Sharelock a cherché à savoir, en interrogeant un échantillon représentatif de la population des grandes villes françaises. Cette enquête, réalisée par 6t-bureau de recherche, s’appuie sur une base de plus de 4 000 réponses.
Une hausse anticipée de l’usage du vélo, profitant à la diversité des destinations du quotidien
Outre l’intérêt suscité auprès des répondants par un service de stationnement vélo sécurisé disponible dans l’espace public, l’enquête confirme l’hypothèse d’un impact positif sur la fréquence d’utilisation du vélo. Ainsi, plus de 80% des personnes intéressées par un tel service de stationnement estiment qu’elles utiliseraient alors davantage ce mode.
Plus encore, les types de trajets pour lesquels le service aurait l’impact le plus fort ne sont pas les déplacements domicile-travail mais ceux réalisés pour tous les autres motifs. En effet, les trajets pendulaires, avec leurs points d’origine et de destination connus, peuvent déjà offrir des possibilités de stationnement, n’étant certes pas toujours optimales. Bien que le travail constitue un motif structurant de la mobilité individuelle, mettre l’accent sur les loisirs, les sorties, les achats et rendez-vous divers, autant de motifs secondaires qui façonnent le quotidien des citadins, permettrait de véritablement systématiser l’utilisation du vélo.
S’ils disposaient d’une solution de stationnement sécurisé dans l’espace public, les utilisateurs réguliers pourraient élargir leur usage du vélo au-delà des trajets domicile-travail, tandis que les non-utilisateurs ou utilisateurs occasionnels pourraient être amenés vers une pratique régulière. Les bénéfices seraient donc doubles, puisque l’offre de stationnement sécurisé aurait un effet positif aussi bien sur le volume total d’usagers du vélo que sur l’intensité d’utilisation.
Encore mieux que Vélib’ ?
Cet impact positif à l’échelle individuelle se trouve démultiplié lorsque l’on change de focale et raisonne en termes d’impacts collectifs. En mobilisant des informations issues de la dernière Enquête Nationale Transports et Déplacements (ENTD 2008), enquête mobilité de référence, il est possible d’estimer, à partir de nos données, l’impact de l’offre de stationnement sécurisée sur la part modale du vélo, c’est-à-dire sur la « part de marché » de ce mode parmi les différentes options de déplacement disponibles dans une ville. En fonction de la taille de l’agglomération considérée, l’existence d’un service de stationnement fiable et sécurisé pourrait ainsi faire augmenter la part modale du vélo d’un à trois points de pourcentage par rapport à 2008. Cela est d’autant plus remarquable que cette part modale initiale est relativement faible, le vélo comptant pour moins de 3% des déplacements réalisés en France.
La mise en regard de cet impact potentiel avec celui de services existants fait ressortir qu’à Paris, le gain en termes de part modale pourrait être trois fois supérieur à celui de Vélib’. Le lancement du système de vélos en libre-service parisien en 2007 est pourtant considéré comme une petite révolution, ayant fait l’objet d’une forte médiatisation et demeurant dans les esprits comme la mesure phare de la politique vélo de la capitale. Après la révolution du vélo en libre-service, une révolution du stationnement vélo serait-elle à venir ? Les données dont nous disposons démontrent en tout cas qu’offrir aux cyclistes une solution de stationnement sécurisé dans l’espace public apparaît bien comme la clef pour déverrouiller la pratique du vélo comme mode de déplacement urbain.
Télécharger le rapport présentant les calculs de développement de la part modale induite par Sharelock